George Stinney Jr, fut la plus jeune personne à avoir été exécutée au 20ème siècle aux Etats-unis.
Ce jeune Noir n’avait que 14 ans au moment de son exécution par chaise électrique. Son innocence n’a été reconnue que 70 ans plus tard, par un juge de la Caroline du Nord.
De son procès jusqu’à la salle d’exécution, le jeune garçon n’avait pourtant cessé de clamer son innocence.
Pour rappel, George Stinner Jr fut injustement accusé du meurtre de deux filles Blanches (Betty 11 ans et Mary 7 ans), dont les corps avaient été retrouvés non loin de la maison où habitaient le jeune garçon et ses parents.
À cette époque, tous les membres du jury étaient blancs. Le procès ne dura en tout et pour tout que dix (10) minutes.
Les parents du jeune garçon, menacés, furent interdits de prendre part au procès, après avoir reçu l’ordre de quitter la ville.
Avant son procès, George fit 81 jours de détention sans possibilité de voir ses parents pour la dernière fois. Il fut emprisonné seul dans sa cellule, à 80 kilomètres de sa ville natale.
Le jour de son exécution, la charge d’électrocution du jeune George fut de 5380_volts sur sa tête. Nous vous laissons imaginer…
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Si j’évoque cette injustice et cette tragédie aujourd’hui, c’est parce que manifestement, encore aujourd’hui, j’ai cru comprendre qu’il y avait des candidats (une candidate en l’occurrence) qui ne fermaient pas la porte quant à ce que je considère être comme une profonde régression dans notre société : La peine de mort.
Un spectre hante donc encore et toujours nos sociétés modernes : la peine de mort.
Bien que cette dernière ait été abolie dans la législation de nombreux pays (141 pays en 2021), bien qu’elle ait été abolie par dans bon nombre de pays occidentaux depuis des décennies, son ombre paraît malheureusement à chaque fois qu’il y a des échéances électorales importantes, ou fait divers tragiques.
Et, si au milieu de la vindicte populaire, il arrive que des voix dissidentes se fassent entendre, des voix prônant plutôt la modération, éventuellement un système carcéral plus efficace, alors ces gens sont aussitôt vus comme des individus au cœur de pierre, des robots insensibles se souciant davantage du sort des criminels que des victimes.
« Quoi ?!!! La vie d’un meurtrier est donc supérieure à celle d’une victime ? »
« Mais comment peux-tu être hostile à la peine de mort , les meurtriers ne s’abstiennent pas de tuer, eux … »
Je souhaitais donc revenir sur ce sujet, car il est – de mon point de vue – capital. D’autant plus qu’en ce moment, encore une fois, un certain nombre de politiques ne disent pas non à l’idée de rétablir ce châtiment.
Je ne vais donc pas essayer de caricaturer ceux qui sont pour la peine de mort; chacun étant libre d’avoir son point de vue mais je vais juste essayer de vous expliquer en quoi je suis opposé à cette barbarie.
Je suis opposé à la peine de mort, non seulement pour des raisons de principes mais aussi d’efficacité.
Loin de moi l’envie de donner de leçons, en effet, je n’ai jamais connu la souffrance éprouvée par les proches de victimes. A dire vrai, je ne sais même pas si je serais capable de supporter cette douleur si un de mes proches devait être violé et tué, je pense d’ailleurs que je voudrais certainement me venger.
Mais pour autant, je pense que je n’aurais point raison.
Je vais peut-être vous choquer mais je considère la peine de mort comme « la négation absolue des droits humains, un meurtre commis par l’État, avec préméditation et de sang-froid » , comme un “assassinat légal” en somme .
La peine de mort a ceci de paradoxal pour moi, que l’Etat en vient à assassiner précisément un assassin parce que ce qu’il ne faut pas tuer. Quelle contradiction! L’Etat interdit de tuer mais ne s’empêche pas lui-même de mettre à mort – qui plus est avec préméditation – autrui.
Cet assassinat légal n’est pas fait pour des raisons de défense nationale (invasion imminente d’un pays ), mais pour des raisons exclusivement liées à la vengeance d’Etat. (Ne me parlez pas de protection de la société, la prison existe)
Et quand bien même la peine de mort serait efficace (ce dont je me permets de douter), que penser des victimes d’erreurs judiciaires dont les vies ont été gaspillées inutilement ?C’est bien beau que la justice « humaine » reconnaisse dix, quinze, vingt ans plus tard qu’une erreur a été commise. Ma foi, cela ne fera point revenir l’innocent. Innocent qui aura d’ailleurs subi une triple peine : Une peine d’emprisonnement, la peine capitale et la peine la plus ignoble et tragique qui soit, étant donné que l’innocent, cette victime impuissante, se savait innocent.
Je n’ose imaginer les sentiments qu’ont pu éprouver – jusqu’au moment fatidique – les victimes de ces « horreurs » judiciaires, en plus de mourir – il va sans dire – de la manière la plus horrible qui soit.
On me dira qu’il y a eu peu d’erreurs judiciaires et que c’est tout ce qui compte. Cet argument peut être contesté de deux manières.
Tout d’abord qui nous dit qu’il n’y en a pas eu plus, et qu’il n’y aura pas davantage d’erreurs reconnus dans le futur comme ce fut le cas pour le malheureux George Stinney Jr ? En effet , le temps aidant, les mentalités changent, les voix se délient, la science évolue et c’est grâce à cette science qu’on a révélé un certain nombre d’erreurs judiciaires.
Ensuite une vie perdue du fait d’une erreur judiciaire, c’est une vie de trop.
Pour conclure, je dirais qu’Il n’y a pas de peine de mort «humaine». Quelle que soit la méthode employée, l’exécution ne poursuit qu’un seul but, supprimer une vie. La peine de mort prive une personne de la possibilité d’expier un forfait, de réparer, de se repentir et de s’amender.
Concernant l’efficacité , je pense que la peine capitale n’empêche aucun délit. De ce que j’ai pu lire ici et là, rien ne permets d’affirmer que la peine de mort ait réellement l’effet dissuasif qu’on lui attribue.
Au Canada par exemple, le nombre d’assassinats a diminué depuis l’abolition de la peine de mort. Aux États-Unis, en revanche, il est plus élevé.
Pour empêcher efficacement les délits, dit-on, il est nécessaire d’avoir un taux élevé d’élucidation des crimes et un système judiciaire travaillant de manière équitable, rapide et conséquente.
J’avais lu dans je ne sais plus quelle revue, que certaines populations (dans certains pays pays notamment), au vu de la corruption de leurs appareils judiciaires et policiers, venaient parfois à se faire justice elle-même. Néanmoins, constatait l’auteur, cela n’avait aucune incidence sur les délits et les crimes.
Bref, tout cela pour dire qu’à choisir, je préfère amplement – et de loin – « sauver » de la mort un coupable que tuer un innocent.
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“Au fond de chaque homme civilisé se tapit un petit homme de l’âge de pierre, prêt au vol et au viol, et qui réclame à grands cris un œil pour un œil. Mais il vaudrait mieux que ce ne fût pas ce petit personnage habillé de peaux de bêtes qui inspirât la loi de notre pays.”-Albert Camus, Réflexions sur la peine capitale
“Ceux qui croient à la valeur dissuasive de la peine de mort méconnaissent la vérité humaine. La passion criminelle n’est pas plus arrêtée par la peur de la mort que d’autres passions ne le sont, celles-là, sont nobles.” Robert Badinter – Extrait d’un discours à l’assemblée nationale, le 17 septembre 1981
“Dans les pays de liberté l’abolition est presque partout la règle ; dans les pays où règne la dictature, la peine de mort est partout pratiquée. Ce partage du monde ne résulte pas d’une simple coïncidence, mais exprime une corrélation. La vraie signification politique de la peine de mort, est bien qu’elle procède de l’idée que l’État a le droit de disposer du citoyen jusqu’à lui retirer la vie. C’est pas là que la peine de mort s’inscrit dans les systèmes totalitaires : […] Douze personnes, dans une démocratie, qui ont le droit de dire : celui-là doit vivre, celui-là doit mourir ! Je dis : cette conception de la justice ne peut-être celle des pays de liberté, précisément pour ce qu’elle comporte de signification totalitaire.” Robert Badinter
“Notre justice à nous, comme notre destin, est tâtonnement, trouble, erreur, nuage, doute ; martyr, je m’applaudis ; juge, je me redoute ; l’infaillible, est-ce moi, dis ? Est-ce toi ? Réponds “ – Victor Hugo : Les quatre vents de l’esprit – L’échafaud -1870
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